Notion d'emprise

emprise sectaire

  Pour la plupart d’entre nous, l’idée que l’on puisse être sous l’emprise d’une autre personne jusqu’à perdre toute possibilité de discernement semble difficilement concevable. On se pense souvent suffisamment « costaud », intelligent et plein de bon sens que l’idée que quelqu’un puisse nous leurrer au point de nous faire perdre notre faculté de penser et voler notre personnalité semble incongrue.

Et même, en admettant que l’on puisse se « faire avoir » un tant soit peu au début, bien évidemment nous serions en mesure d’y voir clair et de décider d’arrêter cette relation quand bon nous semble. Un peu comme un fumeur débutant qui, connaissant les risques pour sa santé, proclame toujours haut et fort qu’il peut parfaitement arrêter quand il le décidera. Et, dix ans après, même si le discours reste identique, l’angoisse du paquet vide du soir, quand tous les tabacs sont fermés, le domine totalement. Si l’on peut imaginer l’emprise, elle est toujours pour l’autre, jamais pour soi.

  L’emprise mentale résulte du pouvoir, de l’effet d’une personne ou d’une chose, tel une drogue par exemple, sur la psyché d’une autre personne. Lorsqu’il s’agit d’un gourou qui, par manœuvres, prend l’ascendant, le pouvoir et le contrôle sur une personne pour en faire son adepte, on parlera alors plutôt d’emprise sectaire que d’emprise mentale. L’effet peut être similaire mais ce qui d’instigue fondamentalement l’emprise sectaire de l’emprise mentale, c’est l’intentionnalité. C’est-à-dire cette volonté délibérer de mettre l’autre sous son entière domination, de le manipuler jusqu’à ce qu’il ne pense et ne voit que par le gourou et son idéologie détraquée. C’est une mise en état de sujétion. 

 

  Un produit toxique tel que la drogue met celui qui le consomme sous emprise, sous dépendance. Mais, ce produit n’a pas en lui-même l’intention de le faire, il n’a pas de volonté mais uniquement un effet. Un effet souvent d’ailleurs bien connu d’avance. On « tombe dans la drogue », on « tombe dans l’alcoolisme », « on tombe dans la passion » mais ni la drogue, ni l’alcool, ni la passion ne viennent d’eux-mêmes tomber sur un sujet. Le gourou a lui cette volonté de tomber sur sa proie et, l’effet qu’il va produire sur son futur adepte est très loin d’être connu par ce dernier.